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samedi 29 février 2020

Bilan livresque - Février 2020

Un bilan plus rempli que le mois précédent! J'ai lu 52 livres en février : albums, romans, documentaires, bd et mangas. Un total varié en somme.
Je conseille :
- en roman, le Cercle du Karma et Kim Jiyoung, née en 1982;
- en essai, Une culture du viol à la française;
- en mangas, l'Atelier des Sorciers, Le tigre des Neiges et Kingdom;
- en BD, L'obsolescence programmée de nos sentiments.


ROMANS / PREMIÈRES LECTURES / ESSAIS




MANGAS / BD


Chroniques sur le blog :


vendredi 28 février 2020

Playlist de février 2020

Salut tout le monde, on se retrouve aujourd'hui pour une nouvelle playlist. Février a été une nouvelle fois chargée en découvertes et écoutes musicales. Pas mal de titres de 2020, que je vous invite à écouter. Voici ma sélection pour ce mois-ci !

Spanish Love Songs - Kick
The Used - Paradise Lost, a poem by John Milton
Port Noir - Flawless
 Avenged Sevenfold - Set Me Free
Paramore - That's What You Get
Angellore - Blood for Lavinia
Currahee - Sinking
Karg - Irgendjemand Wartet Immer
Deathspell Omega - Dearth
Skott - Kodak & Codeine
Jonas Brothers - What A Man Gotta Do
Ihsahn - Telemark
Katatonia - Lacquer
DNCE - Cake By The Ocean
The Amity Affliction - Catatonia


jeudi 27 février 2020

Daria Marx, ma vie en gros


"Daria Marx, ma vie en gros" est un documentaire qui est passé le 25 février 2020 sur France 2. 
Je l'ai vu en replay le lendemain, et j'ai décidé d'en parler aujourd'hui car c'est un sujet important et qui me touche personnellement.

Daria Marx, pour ceux·celles qui ne le savent pas, est une femme grosse. Elle est active sur les réseaux sociaux, a crée "Gras Politique" et rédigé avec Eva Perez-Belle Gros n'est pas un gros mot.


Dans ce documentaire d'une cinquantaine de minutes, on est plongé·e·s dans le quotidien de Daria et de plusieurs de ses proches. Elle y raconte son parcours, et toutes les violences qu'elle a pu rencontrer tout au court de sa jeune vie et qu'elle subit encore aujourd'hui. 

La grossophobie existe, et ce documentaire est là pour appuyer des propos que Daria, Eva et les autres essayent de faire entendre. Oui, une femme grosse aura moins dix fois moins de chance d'être embauchée qu'une femme normée. Oui, une femme grosse subira des moqueries et des brimades plus ou moins violentes dans sa vie, que ce soit scolaire, personnelle ou professionnelle. Oui, une femme grosse sera regardée, insultée, humiliée, violentée, parce que grosse. Oui, un·e gros·se aura du mal à accéder aux transports en commun, devra se contorsionner pour passer les portiques ou les allers des trains. Parce que la société ne veut pas des gros·ses. Parce qu'on fait tout pour nous cacher.

Je dis nous, car je suis grosse. Je ne suis peut être pas concernée par tout ce qui a pu se dire dans ce documentaire. Je ne galère pas autant que ces femmes à me vêtir, on ne me regarde pas de travers lorsque je m'assoies à côté de quelqu'un d'autre dans le métro. Il n'empêche que des propos grossophobes, j'en ai subis et j'en entends encore. Des choses anodines du quotidien, que l'on côtoie tous·tes. Des "j'ai mangé comme un·e gros·se", alors que tu es juste à côté, de la part d'une collègue de travail ou d'une amie.

Sur le plan personnel, je ne suis jamais passé par la case diététicienne pour suivre un régime. Au collège, j'étais grosse, mais je n'ai pas été victime de tant d'harcèlement que ça. Bien entendu, je séchais la piscine et préférais avoir zéro en sport plutôt que d'aller en endurance. Car on sait tous·tes ce qu'on risque de se prendre dans la face en y allant. Le regard des autres influent sur notre vision de nous-même. Les remarques, les injures, ça nous détruit à petit feu. Encore aujourd'hui, je ne peux plus aller à la mer, à la piscine ou dans une salle de sport. Je ne mets pas de robe sans collant. Toutes ces privations, elles sont dues à toute cette suite d'événements qui aujourd'hui ont construit ma façon d'être.

Daria, Eva, Sophia, Anouch et Crystal parlent dans ce documentaire de la grossophobie. De leurs vécues. De la violence des médecins, de la famille, de leurs soi-disant ami·e·s, de leurs relations amoureuses. Elles galèrent à trouver du boulot, essayent de vivre car elles sont des êtres humains, comme tout le monde. On cherche à nous masquer, et on nous porte en exemple uniquement dans le cadre de régime. "Mangez bougez et vous ne deviendrez pas comme ça". Comme si la vie était si simple. Comme si le fait d'être gros était seulement dû au fait de manger. Ce documentaire est aussi là pour ça. Expliquer et comprendre les enjeux de la grossophobie, c'est en premier lieu intégrer qu'être gros·se implique des facteurs variés et différents. La précarité, les violences enfantines, les TCA, le stress, l'anxiété. Le schéma classique que l'opinion publique a est tellement loin de la réalité. Mais au fond, les normé·e·s s'en fichent. Ce qui compte, c'est d'effacer ces gros·se·s. Et si iels se font trop entendre, de les enfoncer pour qu'iels finissent par craquer. Combien de fois n'a t-on pas vu des gros·se·s se faire lyncher en place publique parce qu'iels ont osé se montrer, s'exprimer ? On nous déshumanise, et "Daria Marx, ma vie de gros" le montre très bien.

Ce documentaire m'a parlée car je me suis retrouvée dans ce que pouvait dire ces femmes courageuses, qui s'assument malgré un parcours de vie chaotique. Je les admire et je suis de près ce qu'elles font, auprès du collectif Gras Politique ou sur les réseaux sociaux. J'ai recommandé chaudement ce visionnage à mon copain et à mes amies pour qu'iels comprennent. Ce que c'est que d'être gros·se aujourd'hui en France, ce que ça implique, ce qu'on endure. C'est une discrimination qui doit être entendue, n'en déplaise à ceux·celles qui essayent de nous réduire au silence. 

Merci Daria Marx, merci à tous·tes celles qui ont pris la parole, dans ce documentaire ou ailleurs. Merci à des femmes comme Boréale d'exister et de participer activement à cette lutte. Nous sommes grosses et nous ne nous tairont pas.

mercredi 26 février 2020

Kim Jiyoung, née en 1982 de Nam-joo Cho


Titre : Kim Jiyoung, née en 1982
Autrice : Nam-joo Cho 
Genre : Littérature contemporaine
Editions : NiL
Parution : 2 janvier 2020
Nombre de pages : 216
Mots clés : Corée du Sud, condition féminine

Si vous ne voulez pas trop en savoir, lisez seulement ce livre. Un véritable coup de poing, montrant la condition féminine en Corée du Sud, et plus encore. Un reflet du monde patriarcal dans lequel on vit malheureusement.

Mon avis :

Kim Jiyoung est née en 1982. Elle est mariée à Jeong Daehyeon et ensemble, le couple a eu une fille; Jiwon. Depuis trois ans, elle a cessé de travailler pour s'occuper de son enfant. Cette présentation nous est faite comme étant un schéma classique en Corée du Sud, et au fil du roman, on va comprendre que c'est le cas.

Puis, d'un coup, plusieurs femmes de son entourage vont prendre la parole à travers Kim Jiyoung. L'occasion pour l'autrice de couper le roman en quatre parties, bien distinctes de la vie de son héroïne.

Dès son enfance, l'injustice et le patriarcat se retranscrivent à diverses reprises. Déjà, on inculque au mère qu'avoir une fille, c'est moins bien. Il faut un garçon, pour en faire un homme important, un chef de famille qui va honorer ses proches. Dès la naissance, et même avant, une fille est moins bien considérée qu'un homme.

Kim Jiyoung va grandir dans un environnement de ce type, et on remarque bien qu'elle et sa sœur sont sollicitées pour toutes les tâches ménagères, tandis que le petit dernier, son frère, se la coule douce.

Le patriarcat se voit ensuite à l'école, où les garçons ont bien des avantages. Premiers servis à la cantine, par exemple. Mais aussi excusé quand un garçon harcèle Kim Jiyoung. On retrouve ici une pensée qu'ont encore bien des adultes; si un garçon est violent avec une fille, c'est parce qu'il est amoureux d'elle. Et au lieu de lui inculquer le fait que c'est mal, qu'il ne faut pas se comporter ainsi, on devrait l'excuser ? Un des nombreux passe-droit que les hommes possèdent.

Le côté traditionnel est aussi là, lorsque l'on évoque cette mère aimante, mais qui a dû sacrifier sa vie, ses rêves, pour s'occuper de ses enfants. L'aînée aussi, renoncera à son projet pour devenir institutrice, métier qui semble stable dans ce pays.

L'autrice distille d'ailleurs tout au long de son roman des petites données chiffrées qui illustre parfaitement l'histoire de Kim Jiyoung. A travers son héroïne, c'est une réalité sociétale qui est ici montrée, en Corée du Sud mais aussi partout dans le monde.

Après l'enfance et l'adolescence, on passe à la vie de jeune adulte de Kim Jiyoung. On voit que la société a évoluée; mais pas encore assez. A poste égal, un homme sera privilégié face à une femme. Et on le voit bien puisque Kim Jiyoung, ainsi que son entourage féminin, galère à trouver un travail. On estime qu'une femme, ce n'est pas un "investissement sur le long terme", puisqu'elle tombera enceinte, ne sera pas là pendant de longs mois, voire quittera l'entreprise pour s'occuper de son enfant. Et cette donnée nous est confiée par l'autrice, et ça fait mal. Révoltant de lire cette injustice encore bien ancrée dans cette société. Le patriarcat a de beaux jours devant lui. Au boulot, le harcèlement est là, les moqueries aussi. Une femme doit travailler plus dur qu'un homme, car il ne faut pas trop le fatiguer, ce pauvre chou. Malgré tout, c'est lui qui aura les opportunités, les avancées dans l'entreprise, pas elle.

Arrive le moment où Kim Jiyoung se marie. On lui parle très vite d'enfant, et on comprend que celle-ci n'en a pas spécialement envie. Elle aime son boulot, et elle sait pertinemment qu'avoir un bébé signifierait arrêter de travailler. En Corée du Sud, les trentenaires stoppent fréquemment leur travail pour devenir mère au foyer. Et cela n'est pas un choix voulu; c'est une contrainte dans ce monde patriarcal qui ne laisse pas de place à la femme professionnelle. Et ce roman s'avère être un reflet de nos sociétés. Si en France, beaucoup de femmes n'ont pas à faire ce choix-là, on constate tout de même qu’énormément de mères sont à 80% ou à mi-temps. Comme le dit si bien Kim Jiyoung, c'est aussi ton enfant. Pourquoi les hommes sont ceux qui restent travailler tandis que la femme doit renoncer à sa carrière ? Dans un monde où les écarts salariales sont toujours une réalité, où les femmes sont vues comme détentrices du savoir faire des tâches ménagères, comment se détacher de ce schéma qui a l'air entériné et inaliénable.

La métaphore de ces voix parlant à travers Kim Jiyoung, c'est toutes ces inégalités que nous femmes subissons. Et l'héroïne de ce roman le ressent, mais elle ne peut rien faire, impuissante. Et c'est pour ça que nous, femmes, n'arrêteront jamais de nous battre pour réparer les tords que nous ont fait les hommes. Le patriarcat doit disparaître pour qu'enfin cesse cette iniquité. 

Note : 4,5/5

mardi 25 février 2020

Le Cercle du Karma de Kunzang Choden


Titre : Le Cercle du Karma
Autrice : Kunzang Choden
Genre : Littérature contemporaine
Editions : Actes Sud
Parution : 5 janvier 2009
Nombre de pages : 425
Mots clés : Bhoutan, Népal, Inde, religion, condition féminine, voyage initiatique

Mon avis :

Dans ma quête de découvrir des romans de tous les pays du monde, je suis tombée sur Le Cercle du Karma, premier roman bhoutanais, écrit par Kunzang Choden. Et ce fut une merveilleuse surprise!

Si d'emblée, on peut penser que l'histoire ne saura nous captiver sur autant de pages, on se trompe bien vite. L'autrice nous narre dans ces 400 pages le destin de Tsomo, une bhoutanaise qui a toujours rêvé d'être instruite, de savoir lire et écrire pour pratiquer au mieux sa religion.

La vie de Tsomo n'est pas facile; naître femme implique des obligations et ne permet pas à notre protagoniste d'accéder à une instruction. Elle en restera frustrée toute sa vie. Et celle-ci va être longue et tumultueuse.

Première fille d'une grande famille, il lui incombe différentes tâches, et encore davantage quand sa mère décédera en essayant de donner la vie. Tsomo décide alors un jour de partir rendre hommage à sa défunte mère dans un temple reculé de son village. En chemin, elle y rencontre Wenseng, qui va changer sa vie. Elle tombera amoureuse et l'épousera un peu plus tard. Mais rien ne va se passer comme prévu et ce mariage tourne vite au cauchemar.

De là, Tsomo quitte le domaine familial pour traverser une grande partie de la région : Bhoutan, Népal, Inde. Au fil des années, dans sa quête spirituelle, notre héroïne va tisser des liens, se déplacer à de nombreuses reprises et mener une vie loin des plus faciles.

Kunzang Choden nous retranscrit dans ce roman les conditions de vie au Bhoutan, et plus précisément celles d'être femme. Le poids des traditions sont au cœur de cette oeuvre. Le fait d'être née femme implique que l'on doit effectuer les tâches ménagères, faire prospérer son foyer, ne pas pouvoir accéder à une éducation, s'occuper de son mari. Ces injonctions vont peser fortement sur la vie de Tsomo, qui n'est que le reflet de la condition féminine au Bhoutan, mais aussi dans le monde. Si ton mari te trompe, c'est de ta faute ou de celle avec qui il t'a trompée. L'homme est sur un piédestal et on s'en rend compte à différentes étapes importantes du livre. L'autrice ici dénonce et relate d'une réalité encore bien ancrée.

L'autre gros pan de ce roman est l'omniprésence du bouddhisme. Si je sais que cette religion est dominante dans cette région du monde, j'ai appris énormément de choses quant à la place des traditions et des pratiques bouddhistes. A travers Tsomo et son périple, on se rend compte de l'importance du bouddhisme dans cette région du monde (pour les personnes qui seraient perdues, une carte est présente à la fin du Cercle du Karma).

Pour tout dire, à part la capitale et l'emplacement géographique du Bhoutan, je ne connaissais pas grand chose. Les noms des multiples personnages peuvent facilement nous perdre, mais je n'ai pas été gênée personnellement. Au contraire, les pages ont défilé et j'ai été happée par ce destin de femme. 

Note : 4/5

jeudi 20 février 2020

Quelques albums jeunesse

Et si l'on parlait albums jeunesse aujourd'hui ? Depuis cette année, je suis notamment référente du pôle petite enfance dans la bibliothèque pour laquelle je travaille. C'est une première pour moi, car je n'ai jamais été amenée à lire réellement des histoires pour les plus petits auparavant.
Depuis novembre 2019, j'accueille et me déplace dans différentes structures : RAM, crèche et halte garderie.
A côté de cela, on a l'habitude de recevoir des centres de loisirs, dont les âges peuvent aller, selon les groupes, de 4 à 12 ans.
Du coup, j'ai décidé de faire un petit article sur quelques albums coup de cœur pour ma part, et l'utilisation que je peux en faire dans le cadre de mon métier.



Titre : Guili Lapin
Auteur : Mo Willems
Edition : Kaléidoscope
Mots clés : doudou, famille, parents

Qui ne connait pas Guili Lapin ? Par extension, qui ne connait pas Mo Willems ? Véritable phénomène dans la littérature jeunesse, cet auteur est pour ma part un incontournable. Guili Lapin : un conte moral de Mo Willems donne le ton. Un conte moral me diriez-vous ? Mais de quoi peut-il donc bien s'agir ?

Dans cette histoire, Trixie et son papa laissent maman -assise avec un livre sur les marches de l'escalier- pour aller à la laverie. Et là, un drame va se passer. Plus occupé à s'amuser qu'à aider son papa, comme nous le dit pourtant le texte -le méchant trompeur-, Trixie n'est pas une enfant très attentive. Et elle se rend compte sur le chemin qu'elle a perdu Guili Lapin. Là, c'est la catastrophe. Elle essaye à tout prix de se faire comprendre, mais ne parlant pas, son père est désarçonné. Le chemin du retour est une horreur. Heureusement, maman est là, et elle se rend compte d'emblée du problème : Guili Lapin a disparu. Tout de suite, papa, maman et Trixie se précipitent et refont tout le chemin inverse. Jusqu'à la laverie. Papa a beau chercher, il ne voit rien... Puis, il vide la machine et ouf, le doudou est retrouvé.

Pourquoi j'aime cet album ? Déjà parce qu'il casse les codes. Papa va à la laverie, maman reste à la maison à lire. On en a marre de voir se reproduire encore et encore le même schéma, et Mo Willems fait plaisir en mettant en scène autre chose.

Ensuite, visuellement, Mo Willems à une patte qu'on ne trouve nulle part ailleurs. Inspirée de la vie réelle, New York défile sous nos yeux avec des photos numériques. L'auteur et illustrateur pose ses personnages, dessiné·e·s, dessus et joue avec le champ et hors-champ.
Cet album est bourré d'éléments intéressants, qui raviront petit·e·s et grand·e·s !



Titre : John Brown, Rose et le chat de minuit
Auteurices : Jenny Wagner et Ron Brooks
Edition : Il était deux fois
Mots clés : deuil, acceptation de l'autre, différence, cohabitation, tolérance, amitié, jalousie

Vous l'aurez compris avec tous ces mots clés; John Brown, Rose et le chat de minuit est un album riche et intéressant à bien des égards.

Il permet de montrer le deuil, à travers des éléments bien visibles. La première page, où il est indiqué que le mari de Rose est mort, avec la feuille laissée blanche. Quand Rose est malade et reste dans son lit, on voit qu'elle possède un lit deux places, et que le côté gauche est complètement vacant. Tout au long de l'album, on voit à plusieurs reprises l'image de ce mari disparu, avec des portraits par-ci par-là.

John Brown, Rose et le chat de minuit est aussi génial pour montrer la jalousie et la difficulté à accepter quelqu'un d'autre. On peut faire ce rapprochement avec l'arrivée d'un petit frère ou d'une petite sœur dans la famille. Ici, c'est le chien John Brown qui refuse que le chat pénètre dans la maison. C'est sa maison à lui, et à Rose. Et c'est sa maîtresse -sa maman- à lui. Il estime qu'il n'y a pas de place pour ce nouvel individu.
John Brown a peur. Il voit le chat comme une menace, celui qui va prendre sa place dans le cœur de sa maîtresse. Et cette insécurité le pousse à le rejeter.
L'album se termine par l'acceptation, montre que chacun à sa place dans la famille. Ce mur qui séparait John Brown et le chat de minuit se fissure grâce à la figure de Rose.

John Brown et Rose peuvent aussi être vu·e·s comme un couple qui doit accueillir une nouvelle personne. L'équilibre est perturbé. On parle souvent de l'arrivée d'un nouvel enfant, mais on aborde peu l'arrivé d'un premier enfant pour les parents.

En somme, cet album a plusieurs cordes à son arc. Je l'ai découvert grâce à une formation suivie par la CNFPT. C'est Chloé Seguret, qui tient également un blog super appelé Littérature enfantine, qui nous a fait découvrir de nombreux albums.

Ce sont deux albums que je n'ai pas encore eu l'occasion de tester auprès d'enfants, mais cela ne saurait tarder. Notamment Guili Lapin, puisque je vais bientôt faire une animation tournée sur les doudous.



Mais si vous voulez des idées d'albums, n'hésitez pas à lire le blog Littérature enfantine, ou à jeter un œil aux œuvres suivantes (que j'ai lu et adoré) :

Matty et les cent méchants loups de Valéri Gorbachev (3-6 ans)
Copains-câlins de Frédéric Stehr (0-3 ans)
Loulou de Grégoire Solotareff (3-6 ans, mais déjà lu avec des enfants de moins de trois ans)
Loup d’Olivier Douzou (0-3 ans)
Heu-reux ! de Christian Voltz (à partir de 5 ans)
Ce n'est pas une bonne idée ! de Mo Willems (3-6 ans)
C'est moi le plus fort de Mario Ramos (3-6 ans)
Les Trois Brigands de Tomi Ungerer (6-8 ans)
C'est mon arbre d'Olivier Tallec (3-6 ans)
Le livre qui n'aimait pas les enfants de Christine Naumann-Villemin et Laurent Simon (3-6 ans)
La Befana de Sandra Nelson et Sébastien Pelon (3-6 ans)
Jules et le Renard de Joe Todd-Stanton (3-6 ans)
Lettres à mon cher petit frère qui n'est pas encore né de Fréderic Kessler (3-6 ans)
Ce n'est pas mon chapeau de John Klassen (3-6 ans)
Très, très fort ! de Trish Cooke (3-6 ans)
La maison à dormir debout d'Audrey Wood (3-6 ans)
Je suis un lion d'Antonin Louchard (3-6 ans)
Toc ! Toc ! Qui est là ? d'Anthony Browne (2-4 ans)
Pélagie la sorcière de Valérie Thomas et Korky Paul (3-6 ans)
N'aie pas peur, Teddy ! Je te protégerai des bêtes sauvages de Martha Alexander (3-6 ans)


lundi 17 février 2020

Le tigre des neiges, tome 1 d'Akiko Higashimura


Titre : Le tigre des neiges, tome 1
Autrice : Akiko Higashimura
Genre : Historique
Editions : Le Lézard Noir
Parution : 8 novembre 2018
Nombre de pages : 270
Mots clés : japon, manga historique, XVIème siècle

Mon avis :

Le manga commence par une petite introduction à l'histoire japonaise, et narre le récit d'Uesugi Kenshin, fameux guerrier du XVIème siècle... qui selon une théorie sérieuse aurait été une femme. L'autrice expose les faits expliquant cette thèse, en partant des maux de ventre chaque mois qui frappait le chef de guerre au portrait conservé dans un temple représentant une femme. Plusieurs éléments vont donc dans ce sens, et c'est le choix que décide de faire Akiko Higashimura à travers Le tigre des neiges.

Une fois le décor historique planté commence le récit de ce manga. Située dans la ville moderne de Jōetsu, dans la préfecture de Niigata, l'histoire commence avec la naissance et l'enfance de notre héroïne. Le seigneur du château de Kasugayama et sa femme attendent un heureux événement; un troisième enfant va naître, et serait la réincarnation du dieu de la guerre Bishamonten. Pour l'époque, on pense donc que ce bébé sera un garçon. Mais c'est une fille qui va voir le jour. Mais le père croit en la prophétie annoncée par sa femme et décide d'élever sa fille comme un homme.

Le manga suit donc les premières années de la vie de Torachiyo, qui est décrite comme étant un "garçon manqué", pleine de fougue et d'un tempérament insolent. On voit que la fillette vit pour les stratégies militaires et se forge très vite aux armes. C'est dans cette optique que son père décide de l'envoyer à ses sept ans dans le temple Rinsen. Elle est censée y apprendre l'art de la guerre, la discipline et la tactique.

Pour les férues d'histoire, ce manga est un petit bijou qui vous ravira. Ce premier tome, se centrant sur l'enfance de Torachiyo -future Uesugi Kenshin- est bien documenté. Les lieux de la narration sont fidèles aux propos de l'époque, que ce soit la représentation du château ou encore les paysages montagnards. 
Ce tome permet aussi d'introduire un autre grand personnage, Takeda Shingen, éternel rival de notre protagoniste.

Visuellement, Le tigre des neiges est magnifique. Les panoramas, les habits et les personnages sont faits avec minuties. La dessinatrice a des années d'expériences derrière elle, et cela se ressent à travers des illustrations qui ne laisseront pas indifférent. Il suffit de voir la couverture de ce premier tome pour être conquis.

C'est pour moi, donc, une réussite que ce tome 1 et nulle doute que je me procurerai la suite dans les mois à venir. 

Note : 4,25/5

vendredi 14 février 2020

Eltonsbrody d'Edgar Mittelholzer


Titre : Eltonsbrody
Auteur : Edgar Mittelholzer
Genre : Fantastique
Editions : Editions du Typhon
Parution : 26 février 2019
Nombre de pages : 256
Mots clés : fantastique, mort, Barbade

Mon avis :

Dans la lignée d'Edgar Allan Poe et Guy de Maupassant, Edgar Mittelholzer livre un roman que ne renierait pas les cadors du genre. L'ambiance est lugubre, et le décor posé par l'auteur guyanais est somme toute inquiétant.

Mr. Woodsley se rend dans les Barbade pour visiter, selon les conseils de ses amis.  Mais une fois la nuit tombée, toutes les places dans les deux hôtels du coin sont prises. Une autre alternative lui ait soufflé; aller toquer chez Mme. Scaife qui vit seule à Eltonsbrody. 

On sait d'emblée qu'il va se passer quelque chose, mais le mystère demeure sur ce que seront ces événements. 

Petit à petit, la vieille propriétaire s'avère avoir plus d'un secret dans sa manche. Avec un rythme d'enquêteur, notre héros cherche à élucider les faits tous plus étranges que les autres.

Le côté gothique et fantastique de l'auteur est palpable, et cela n'était pas sans me déplaire. Pour autant, rien ne nous tient réellement en haleine. Le personnage de Mme. Scaife est plus qu'agaçant, et au final, je n'ai pas été autant transportée que durant d'autres lectures du même type.

Les 250 pages passent assez vite malgré tout. Le fil conducteur du roman est plutôt solide, puisque l'on reste jusqu'à la fin. Pour autant, je n'ai pas été intriguée par le déroulement de l'oeuvre. Les péripéties sont maigres.

J'ai néanmoins apprécié cette frontière mince initiée par l'auteur, celle du réalisme et du fantastique. Mr. Woodsley commence petit à petit à croire cette dame, qui affirme voir une "ombre" planer autour des gens dont la mort est imminente. Cette vieille dame est fascinée par l'issue fatale qui nous attend, qui clame remarquer une marque sur certaines personnes. Et les pans morbides sont peu commun, rendant en cela Eltonsbrody intéressant. Mais cela ne restera pas une lecture mémorable.


Note : 3/5

mercredi 5 février 2020

Les violences sexuelles



Aujourd’hui, article un peu spécial, et pour le moins difficile. Je viens de terminer ma lecture d’Une culture du viol à la française, et au-delà d’une simple chronique, je voudrais parler plus en profondeur de ce sujet ô combien important.

Dans Une culture du viol à la française, Valérie Rey-Robert expose plusieurs faits. Elle traite du viol, oui. De l’acte en lui-même. De comment il est perçu. De tout ce qu’il implique dans nos sociétés, d’hier et d’aujourd’hui.

Elle démarre par des définitions, simples et claires, du sexisme et du patriarcat. Car il est important de comprendre de quoi il en résulte pour percuter à quel point le viol est lié à ces notions.

On vit dans une société où tout est fait pour les hommes, par les hommes. Alors la femme devient fautive, et Valérie Rey-Robert le montre bien. De ce fait, les institutions vont dans ce sens, et rien n’est fait pour protéger et condamner les hommes

Cela me permet de rebondir avec un autre ouvrage lu précédemment; La boîte noire de Shiori Ito. L’autrice et journaliste japonaise peint son combat pour obtenir justice après son viol en 2015. On y lit son périple pour se faire entendre. Et tout ce que Valérie Rey-Robert écrit prend tout son sens. Shiori Ito a eu le droit à de nombreux reproches, n’a pas été crue par certaines personnes, a vu son affaire être ralentie car elle portait plainte contre une personnalité importante du pays. 


Même si le Japon est une société sexiste différente de la nôtre, difficile de ne pas faire de parallèle. Et Valérie Rey-Robert le fait régulièrement avec les Etats-Unis. Chaque pays est imprégné par ces injonctions.

Ce que cherche à montrer l’autrice, c’est à quel point nos préjugés influent sur notre façon de voir les violences sexuelles. « Elle l’a bien cherchée », « elle n’avait qu’à pas s’habiller comme ça », « elle n’avait qu’à pas boire » et autres phrases. Une culture du viol à la française ne manque pas d’exemple de ce type.

Le titre Une culture du viol à la française prend tout son sens au deux tiers du livre. Car la France, pays du romantisme, ne pourrait pas être une société de violeurs. Mais non, ce sont seulement des hommes aimant séduire les femmes

Et si on parle de « culture » du viol, c’est bien parce qu’on a intégré les codes d’un viol qui n’en est pas vraiment un. Qu’on minimise les choses (et Valérie Rey-Robert donne pléthores d’exemples). Qu’on n’écoute pas les femmes MAIS les hommes sur ce qu’est un viol. Car quoi qu'il arrive, en pense aux hommes. A leur « honneur », à leur « virilité », à leurs « besoins ». Mais jamais aux conséquences de leurs actions sur nous, les femmes.

Je ne pourrais pas traiter de tout ce qui est dit dans Une culture du viol à la française, car ce n’est ni le but de mon article ni ma volonté, mais je voudrais faire connaître ces livres. LISEZ-LES, vraiment, si vous le pouvez (car ils sont durs et peuvent réveiller des traumatismes). 

Il est important pour les femmes de les lire pour des tas de raisons : se déconstruire des préjugés qu’on a pu nous injecter, se révolter encore davantage, se déculpabiliser car c’est la faute du violeur et non de la victime, …

Mais aussi pour les hommes, qu’ils puissent comprendre tous les enjeux du féminisme dont le viol fait partie. C’est un combat quotidien. Les hommes doivent s’éduquer, changer

Les réseaux sociaux nous montre tous les vices de ce monde, et ô combien diverses paroles font peur au jour d’aujourd’hui. Quand on peut lire ce que certains hommes écrivent, cela révolte, dégoûte et effraie. Pourquoi voudraient-ils que les choses changent puisque la société les soutient, les alimentent dans leurs idées et qu'ils ne seront jamais ou peu jugés pour leurs actes ?

Je sais que mon rêve de vivre dans une société en paix et en harmonie est utopique, mais j’aimerais que les hommes soient des bons alliés et se rendent compte sur mal qu’ils ont fait, qu’ils font et qu’ils continueront à faire. En espérant qu’un jour cela cesse.


Livres cités :  
-Une culture du viol à la française de Valérie Rey-Robert, aux éditions Libertalia, 300p, 18€.
Valérie Rey-Robert a également un blog.
- La boîte noire de Shiori Ito, aux éditions Picquier, 240p, 19,50€.