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dimanche 6 novembre 2022

Portugal, juin-juillet 2022 : Porto

Me voici de retour pour un nouveau périple. Je vous emmène cette fois-ci au Portugal, pays que j'ai visité cet été en compagnie de mon copain. Au programme ? Une semaine de tourisme intensif, entre villes et nature. 

Etant donné le laps de temps que nous avions, nous nous sommes centré·e·s sur trois cités, et leurs alentours : Porto, Aveiro et Lisbonne.


28 juin

Notre première destination était Porto. Après une heure de retard environ, nous sommes arrivé·e·s dans un cadre idéal, le soleil au rendez-vous et un aperçu de rêve à travers le hublot. Il faut savoir que nos ami·e·s Portugai·e·s sont calé·e·s sur la même heure que l'Angleterre. Nous arrivons donc avec une heure de moins sur la France, en milieu d'après-midi.

A Porto, nous avons logé dans une guesthouse, charmante, située à côté de la Casa da Música. Une position mi-centrale mi-excentrée, assez pour être un peu loin du tumulte du centre ville mais assez proche pour se balader à pied sans difficulté.

Comme la journée était déjà bien entamée, nous nous sommes dirigé·e·s en premier lieu vers les jardins du Palais de Cristal. Le parc est très beau, on peut y croiser des poules ou encore des paons. Il est plutôt vaste, ce qui permet d'y flâner tranquillement. Mais le must s'avère être les points de vue sur la ville. Le lieu surplombe la cité. On y croise beaucoup de personnes locales, posées dans l'herbe ou sur les murets, profitant du climat favorable. 


Suite à cette escapade charmante, nous sommes retourné·e·s tranquillement vers notre quartier, par un chemin différent, afin d'aller nous sustenter. Nous avons suivi les conseils de notre hôte, qui était de se diriger au Mercado Bom Sucesso. Ce marché couvert propose des produits différents, aussi bien locaux qu'internationaux. 

On a été tenté·e·s de notre côté par un burger avec ses frites en forme de chips. C'était très bon ! En dessert, j'ai été tentée par un red velvet qui me faisait de l'oeil, la vitrine possédant des gâteaux tous plus alléchants les uns que les autres. Pour Mimi, dessert traditionnel, mais trop sucré à notre goût dont le nom nous a échappé. La journée s'est terminée calmement, sous les de 23h30-minuit. 


29 juin

Pour ce deuxième jour, après un riche petit déjeuner, nous avons pris la direction d'un cimetière se situant proche de notre logement. Outre ses tombes richement décorées, le cimetière d'Agramonte comprend des édifices intrigants, comme ce bâtiment central qui ressemble presque à une bibliothèque sans livres. Et surtout il y avait des chats ! 

Ensuite, nous avons rejoint le centre ville, et ses multiples monuments. Face au monde, nous n'avons pas tenté la librairie Lello, connue mondialement grâce à Harry Potter. Nous avons longé la Torre dos Clérigos après une halte dans le jardin des Oliviers juste en face. Ce fut un peu notre spot du jour, nous permettant de profiter de l'euphorie de la ville tout en nous reposant. 

Que serait Porto sans ses quelques bâtis religieux ? Nous ne pouvions évidemment pas passer à côté de l'Église Saint-Ildefonse, de la Chapel of Soul ou encore du Sé do Porto. Outre l'extérieur, déjà impressionnant, l'intérieur vaut aussi son pesant de cacahuètes. Richement décorés, ces ensembles sont aussi l'occasion de croiser les fameux Azulejos

Il faut se balader et se perdre dans les ruelles de la ville, escaladant pour mieux voir l'étendue d'eau qui berce Porto. Nous avons ainsi pu profiter pleinement de la commune de bien des manières. Porto est construite en hauteur, à l'instar de Lisbonne -même si à moindre échelle. De bonnes chaussures de marche sont donc requises ! Il ne faut pas avoir peur face aux montées et descentes qui vous attendent.

Après notre repas 100% végétarien, nous avons continué notre exploration de bâtisses religieuses, mais aussi et surtout entamé·e·s notre traversée du pont. L'occasion à la fois d'errer le long de la berge et d'attendre, en fin de journée après notre diner, le magnifique coucher de soleil dans le spot qu'est le Jardin do Morro.


En terme de nourriture, nous n'avons pas attendu Lisbonne pour manger des pasteis de Nata, dans la très bonne adresse que fut Castro


Le soir, après avoir croisé une manifestion dans les rues de Porto -une marche pour la paix dans le monde et contre la guerre- nous avons cassé la croûte au Porto Escondido. Petite enseigne qui ne paie pas de mine, à côté des nids à touristes du coin. Une cuisine locale, avec un francesinha pour moi et du saumon pour Mimi. Bon et pas cher, que demander de plus ? Une glace bien sûr ! Avant de rentrer à notre guesthouse, pour notre dernière nuit -déjà- à Porto.



Est-ce que je vous recommande Porto ? Oui à 100% ! Que ce soit pour un week-end ou bien dans un voyage complet du Portugal, la ville vaut le détour. 

Mes coups de coeur : 

- Le coucher de soleil, vu depuis le Jardim do Morro

- Les nombreuses vues sur le Douro, notamment via le Jardin de Cristal ou les rues autour de la Cathédrale de Porto

- Les monuments religieux, aussi beaux de l'extérieur que de l'intérieur

Et vous, vous connaissez Porto ? Qu'en avez-vous pensé ? 

lundi 10 octobre 2022

C'est lundi, que lisez-vous ? - 36

 C'est lundi, que lisez-vous ?

Nouveau lundi, nouveau CLQLV ! Le "C'est lundi, que lisez-vous ?" est un article hebdomadaire adapté par Mallou du "It's Monday, what are you reading ?" du blog One person's journey through a world of books. Autrefois géré par Galleane, c'est aujourd'hui I believe in a pixie dust qui a pris la relève.


1. Qu'ai-je lu la semaine passée ?


Trois romans lus cette semaine, dont deux de la rentrée littéraire de 2022. J'ai débuté ma semaine avec Le goûter du Lion d'Ito Ogawa. J'ai ensuite découvert l'oeuvre d'Annie Ernaux avec son livre le plus marquant, L'évènement, juste avant l'annonce de son prix Nobel de littérature. Elle parle de l'avortement qu'elle a subit, en un temps où c'était encore interdit... Enfin, j'ai plongée dans l'univers philosophique du Bord du monde est vertical. Une oeuvre atypique, qui m'a beaucoup fait penser à La Horde du Contrevent avec un zeste de Bérangère Cournut. J'ai aimé l'écriture, le déroulé de l'histoire mais je l'ai trouvé malheureusement trop survolé. J'en parlerai ultérieurement dans une chronique détaillée. 

Côté manga, maigre semaine avec deux premiers tomes de shojo. Les fées, le Roi-Dragon et moi (en chat) est bien plus intéressant qu'il ne laisse présager. Une vraie surprise ! En revanche, Shinobi Quartet était moins prenant, même si drôle et sympa à suivre. 


2. Que suis-je en train de lire en ce moment ?


Toujours les premiers tomes de Vicious et Vaisseau d'Arcane que je n'ai pas continué. Dans les transports, j'ai à peine débuté Mes vrais enfants de Jo Walton. Ce titre me faisait de l'oeil depuis un moment, j'espère apprécier ma lecture. 


3. Que vais-je lire ensuite ? 


Si Les gens de Bilbao naissent où ils veulent est revenu de prêt, ce sera ma prochaine lecture. Sinon, je piocherai dans mes emprunts de ma bibliothèque de secteur. 

Des BD et des mangas attendent -dans la poussière- que je les ouvre enfin... J'ai notamment deux ouvrages de la bibliothèque que je dois lire impérativement. 


4. Mes articles livresque des semaines passées ?




Je vous souhaite une très belle semaine et vous donne rendez-vous lundi prochain pour un nouveau CLQLV !

samedi 8 octobre 2022

Le Goûter du Lion d'Ito Ogawa


Titre : 
Le goûter du lion
Autrice : Ito Ogawa
Genre : Littérature contemporaine
Editions : Philippe Picquier
Parution : 25 août 2022
Mots clés : maladie, fin de vie, japon


 
Résumé :

Ce qui fait de ce livre grave et pudique un roman solaire, c’est d’abord le lieu : l’île aux citrons dans la mer intérieure du Japon, qu’il faut gagner en bateau; et encore, l’image magnifique de l’union de la mer, du ciel et de la lumière : la   mer scintillante, illuminée par un incroyable sourire, surplombée par la Maison du Lion, ce lieu de paix où Shizuko a choisi de venir pour vivre pleinement ses derniers jours en attendant la mort.

Avec elle, nous ferons la connaissance des pensionnaires – ses camarades, ses alliés et pour tout dire, sa nouvelle famille – ainsi que de la chienne Rokka qui s’attache à elle pour son plus grand bonheur. En leur compagnie, il y aura aussi les goûters du dimanche où grandit peu à peu son amour de la vie quand on la savoure en même temps qu’un dessert d’enfance, une vie qui aurait le goût de la fleur de tofu, d’une tarte aux pommes ou des mochis-pivoines.

Mon avis :

J'avais déjà parlé de cette autrice sur mon blog, et de mon affection pour ses écrits. J'étais donc impatiente de découvrir son nouveau roman. Cela explique peut-être ma déception...

Ito Ogawa aime traiter de sujet divers et variés à travers une écriture poétique et délicate. De manière subtile et juste, elle distille de la douceur et de la mélancolie, nous pousse à apprécier le moment présent. 

Le Goûter du Lion, ne déroge pas à la règle. On retrouve cette ode à la vie. Dans son nouveau roman, l'écrivaine japonaise nous narre les derniers moments d'une jeune femme atteinte d'un cancer en phase terminale

Shizuko décide d'aller vivre sur l'île de Setouchi, réputé pour ses citrons et son calme intérieur, dans la maison du lion. Ce lieu est dédié aux personnes malades, dont les jours sont comptés. 

Shizuko y rencontre des personnages de tout-âge, qu'elle apprend à connaître, au fur et à mesure. Les disparitions de ces êtres peuplent le roman, et surviennent avant ou après le fameux goûter du dimanche après-midi

La description de ces moments de convivialité sont propres à l'univers d'Ito Ogawa. Avec la légèreté et l'humanité qui la caractérise, elle arrive à toucher, émouvoir. Ces en-cas sont l'occasion de découvrir les résident·e·s de la maison. Chaque habitant·e sélectionne une pâtisserie qui l'a marqué durant sa vie. Cela peut-être des brides d'enfance, des souvenirs liés à quelqu'un. Le met est accompagné d'un mot, décrivant son choix, permettant ainsi de plonger dans l'âme de l'autre. C'est pour moi la plus belle réussite de cet ouvrage, car j'ai retrouvé un peu ce qui m'avait tant fait aimer cette autrice.

En revanche, j'ai peu adhéré à l'omniprésence divine choisie par la japonaise. L'héroïne, se sachant sur la fin, se pose énormément de questions, mais surtout parle beaucoup de Dieu, du paradis, d'un au-delà. N'étant pas réceptive à cette croyance, j'ai été assez rebutée à force de la voir employée. Sans doute que le thème n'a pas aidé à se détacher de ce côté théologique. 

"La vie et la mort, en un sens, sont les deux face d'une même pièce."

Si Ito Ogawa ne tombe pas dans le pathos et que le récit n'est pas inintéressant, il me semble toutefois compliquée d'être positivif·ve à travers la fatalité qu'est la mort. 

Au final, j'ai été déçue par ma lecture car j'attendais beaucoup de ce livre. Cela explique probablement les couacs que j'ai pu rencontrer, que ce soit la nature presque biblique de l'œuvre ou encore le manque de lien avec les autres personnages. J'aurais aimé avoir davantage de lignes sur les destins de ces mourant·e·s, que les épisodes du goûter durent plus longtemps. 

On retrouve la pudeur et la mélodie de l'autrice dans Le Goûter du Lion, mais j'y est finalement été assez hermétique. L'histoire se veut optimiste, sincère, plein de bons sentiments. A travers son héroïne, on voit le monde qui nous entoure autrement, on profite de chaque instant, des petits bonheurs quotidiens. Cela n'a juste pas pris sur moi.

Note : 3/5

mardi 4 octobre 2022

Les fées, le Roi-Dragon et moi (en chat), tome 1



Titre : 
Les fées, le Roi-Dragon et moi (en chat), tome 1
Auteurices : Aki, Yamigo et Kureha
Genre : manga, shojo
Editions : Nobi Nobi
Parution : 8 septembre 2021
Mots clés : manga, shojo, humour, fantasy, fées, magie 



Résumé :

Ruri est une étudiante belle et brillante mais dont la vie est gâchée par son amie d’enfance Asahi. Choyée par son entourage, cette dernière s’attire toutes les faveurs, laissant Ruri subir le blâme quoi qu’elle fasse. Mais son destin va changer le jour où elle se retrouve invoquée avec Asahi dans un autre monde ! D’abord persécutée puis chassée du palais où elle a été appelée, la jeune fille va vite découvrir que désormais, elle a le pouvoir de changer les choses car elle attire à elle une multitude de fées qui représentent la magie dans cet univers étrange...

Mon avis :

C'est par le plus grand des hasards que j'ai emprunté ce manga, et ce fut une très bonne surprise ! L'histoire est en réalité moins enfantine que ce que l'éditeur ou la couverture laissent présager. 

Ruri est une étudiante qui souffre d'une injustice profonde. En effet, Asahi, qu'elle connait depuis l'enfance, est choyée par toute la société, et notre héroïne en pâti de bien des manières. 

Un jour, elles sont toutes les deux projetées dans un autre monde. Le royaume prend Asahi pour leur prophétesse, et très vite, Ruri est chassée. 

C'est ainsi que débute les aventures de notre malchanceuse. Elle fait la rencontre de Chelsea, une alliée précieuse qui va l'aider à s'intégrer dans cet univers nouveau. 

La magie est omniprésente dans ces contrées, et Ruri en est chargée. Les fées l'entourent, la protègent, on comprend qu'elle n'est pas n'importe qui... 

Entre temps, on fait la connaissance progressivement du Roi-Dragon, jeune homme énigmatique qui va vraisemblablement prendre plus d'envergure dans les prochains tomes.

Si ce premier volume reste assez introductif, il n'en demeure pas non moins intéressant. On plonge assez rapidement dans la richesse du manga, parfois même de façon un peu rapide et brouillonne. Les traits sont doux, collent à l'ambiance de l'oeuvre. 

Je suivrai les aventures de Ruri avec grand plaisir !

J'ai aimé : l'univers du manga, son héroïne un peu décalé, les illustrations

J'ai moins aimé : certaines péripéties sont trop rapides

Note : 4/5

lundi 3 octobre 2022

C'est lundi, que lisez-vous ? - 35

 C'est lundi, que lisez-vous ?

Nouveau lundi, nouveau CLQLV ! Le "C'est lundi, que lisez-vous ?" est un article hebdomadaire adapté par Mallou du "It's Monday, what are you reading ?" du blog One person's journey through a world of books. Autrefois géré par Galleane, c'est aujourd'hui I believe in a pixie dust qui a pris la relève.


1. Qu'ai-je lu la semaine passée ?


Mes trois dernières lectures furent des romans durs, où la violence est centrale. Le silence d'Isra, à plusieurs voix, nous livre la vie de plusieurs femmes d'origines palestiniennes, ayant fui leur pays, se battant pour leur liberté, face aux carcans d'une société et d'une culture patriarcales. Trois soeurs mêle un fait réel et la vie de l'autrice, sur les violences masculines faites sur les femmes, à tout âge, dans une Russie que l'on découvre sous un autre jour. Enfin, Sa préférée narre une partie de la vie de Jeanne, héroïne spectatrice et victime d'un père tyrannique, qui voit sa famille sombrer tandis qu'elle essaie de se reconstruire loin de sa région natale. 

En parallèle, j'ai lu plus de 70 albums pour le travail. J'ai des animations à venir, donc j'ai sélectionné mes livres sur mes différents thèmes. 


2. Que suis-je en train de lire en ce moment ?

J'ai trois romans en cours, dont la lecture avance de façon inégale. Vicious, de V. E. Schwab, à la maison, que j'ai à peine débuté et qui prendra beaucoup plus de temps que les autres. Le goûter du lion d'Ito Ogawa, livre que j'attendais avec impatience. J'en suis à la moitié, c'est le titre qui me suit dans mon voyage quotidien dans les transports. Enfin, Vaisseau d'Arcane tome 1, sur liseuse, que j'ai commencé dans le train hier, lors de mon petit périple d'une journée à Rennes. 


3. Que vais-je lire ensuite ? 

Pour la suite, j'ai plusieurs possibilités, mais je piocherai probablement dans les sorties de la rentrée littéraire. Cette année, j'essaie d'en lire davantage, en corrélation avec le fait que davantage de titres me font de l'oeil. Ce sera donc soit Le bord du monde est vertical soit Les gens de Bilbao naissent où ils veulent. 


Tel le phoenix, ce blog renait de ses cendres! Pour combien de temps, cela reste un mystère, mais pour une durée indéterminée je l'espère. Mon état mental, le manque de motivation, ma vie personnelle et professionnelle... Beaucoup de facteurs ont été en cause de l'arrêt provisoire de mes articles. Mais je reviens, motivée à vous faire partager mes lectures, mes découvertes musicales et autres joyeusetés. 

dimanche 2 octobre 2022

Trois soeurs de Laura Poggioli

Titre : 
Trois soeurs
Autrice : Laura Poggioli
Genre : Littérature contemporaine
Editions : L'iconoclaste
Parution : 18 août 2022
Mots clés : Russie, violences, femmes, faits réels, autobiographie 





Résumé :

Quand la police de Moscou est arrivée, les trois soeurs étaient assises le long du mur à côté du cadavre de leur père. Il avait le poil noir, le ventre gras, une croix dorée autour du cou. Depuis des années, il s'en prenait à elles, les insultait, les frappait, la nuit, le jour. Alors elles l'ont tué. 

La Russie s'est déchirée à propos de ce crime, parce qu'il lui renvoie son image, celle d'une violence domestique impunie. 

À vingt ans, Laura Poggioli a vécu à Moscou. Elle aimait tout : la sonorité de la langue, boire et sortir, chanter du rock. Elle a rencontré Mitia, son grand amour. Parfois il lui donnait des coups, mais elle pensait que c'était sa faute. " S'il te bat, c'est qu'il t'aime ", dit un proverbe russe.

Mon avis :

Trois soeurs, c'est la vie des soeurs Khatchatourian. Krestina, Angelina, Maria. Elevées par un père violent et une mère victime, impuissante face à ce bourreau. 

En parallèle, on retrouve Laura. A différents âges de sa vie. Adolescente, étudiante, adulte. Un professeur qui la traumatise, des années dans un pays qu'elle idéalise, des séquelles qui restent. 

Laura Poggioli prend le parti d'écrire ce roman à travers différentes voix. La sienne, celles des soeurs, celles de ces femmes violentées dans une Russie inégalitaire. Dans ce pays, les violences domestiques ont été dépénalisées. Une femme, un enfant peut donc se faire frapper, à mort, par son mari, son amant, son père, sans que cela ne soit réprimé. Ce qui est dans la sphère privée doit le rester. Qu'importe les conséquences. 

"Une policière lui répondait qu'elle ne pouvait rien faire mais qu'elle enverrait quelqu'un sur place si elle était assassinée"

C'est dans ce contexte qu'éclate le fait divers qui a chamboulé un peuple tout entier. Un soir, Krestina, Angelina et Maria passent à l'action et mettent fin à leurs sévices. En ôtant la vie de celui qui faisait de la leur un enfer. 

Dans la presse, tout et son contraire est entendu. Une partie de l'opinion publique soutient les soeurs, à mesure que les tortures, les violences physiques et sexuelles sont révélées. Mais la société n'est pas unanime, la dichotomie est là. 

Le père était aimant, un bon chrétien, fidèle de l'Eglise Arménienne. Un peuple uni, des circonstances atténuantes. Tout va bon train pour retourner la situation, et expliquer que la figure paternelle ait parfois levé la main sur ces filles désobéissantes, sur cette femme incompétente, jetée dehors au bout d'un moment.

De son côté, Laura Poggioli a appris le russe à l'école par un concours de circonstance. Elle arrive à Moscou à vingt ans, des étoiles plein les yeux. Elle va enfin vivre dans ce pays qu'elle aime, et son propos n'est pas uniquement négatif. Au contraire, elle cherche à travers son roman à nous inculquer l'hétérogénéité de cette société multiple, multiculturelles. 

Les femmes sont bien traitées dans la sphère publique, en sécurité. En contrepartie, on ferme les yeux sur ce qui se passe une fois les portes fermées. Un melting-pot de nationalité vit dans la capitale, une résultante de l'ancienne URSS et de l'attrait de cette ville cosmopolite. On s'amuse, on croque la vie à pleine dent, on n'accepte, sans juger, l'autre. 

L'autrice s'y sent vite à sa place, en tombe amoureuse. En même temps qu'elle rencontre Mitia, son amour russe. Celui qui la poussera à l'extrême, une relation toxique, déshumanisante et ponctuée de coups. Mais l'écrivaine s'en sort, prend du temps pour comprendre, assimiler ce qui lui est arrivée. 

Dans Trois soeurs, on suit à la fois des pans du passé, romancés par Laura Poggioli, des trois soeurs et les tenants et aboutissants du procès en cours. Plus on en apprend, et plus on se révolte. 

L'autrice ponctue son récit de faits divers, où la violence faite aux femmes est une constante. En Russie, une femme sur cinq est ou sera frappée par son partenaire. Le constat est accablant. 

Ce premier roman est dur, mais nécessaire. Il met en lumière la brutalité des hommes dans un monde qui les protège. Celle-ci n'a pas de frontière. Nous ne sommes en sécurité nulle part. 

J'ai aimé : les destins mêlés de l'autrice et des soeurs Khatchatourian, en apprendre davantage sur la Russie

J'ai moins aimé : certains éléments qui ont été survolés

Note : 4/5