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lundi 2 avril 2018

Lecture du mois de mars

Qui dit nouveau mois dit nouvelles lectures ! Et mars fut riche en diversité, en commençant par un sacré coup de cœur; Les sœurs Carmines d'Ariel Holzl. Ce fut aussi pour moi l'occasion de lire pas mal de choses sur les femmes et leurs conditions dans divers pays et situations, et autant vous dire que ces lectures furent difficiles mais nécessaires. Voici donc la liste des livres que j'ai lu au mois de mars, pour votre plus grand plaisir !



Titre : Les soeurs Carmines, tome 1 : Le complot des corbeaux
Auteur : Ariel Holzl
Genre : Fantasy, Jeunesse
Editions : Mnémos (Naos)
Nombre de pages : 263
Résumé : Merryvère Carmine est une monte-en-l’air, un oiseau de nuit qui court les toits et cambriole les manoirs pour gagner sa vie. Avec ses sœurs, Tristabelle et Dolorine, la jeune fille tente de survivre à Grisaille, une sinistre cité gothique où les mœurs sont plus que douteuses. On s’y trucide allègrement, surtout à l’heure du thé, et huit familles d’aristocrates aux dons surnaturels conspirent pour le trône.
Après un vol désastreux, voilà que Merry se retrouve mêlée à l’un de ces complots ! Désormais traquées, les Carmines vont devoir redoubler d’efforts pour échapper aux nécromants, vampires, savants fous et autres assassins qui hantent les rues…

Mon avis : Depuis le temps que je voulais découvrir les Sœurs Carmines ! Après tout le bien que j'ai pu lire ou entendre sur cette trilogie, j'ai craqué en voyant l'auteur à la foire du Livre de Bruxelles. Et à la fin de ce premier tome, que j'ai dévoré, mes attentes ont été plus que comblées. Après un vol qui a dérapé, une longue série de péripéties vont arriver à Merry, Tristabelle et Dolorine, J'ai aimé ces trois sœurs pas comme tout le monde, bien différente les unes des autres. J'ai particulièrement apprécié Tristabelle, dotée d'un humour noir décapant et d'une langue bien pendue, mais Dolorine aussi est attachante et bien mystérieuse avec sa peluche Nyx. Le récit tient en haleine, les mésaventures s'enchainent et certaines scènes sont réellement épiques (je pense notamment à la "Révolution"). C'est drôle, c'est original, c'est magistral. Grisaille est une ville loin d'être attrayante, présentant des vices de tous les côtés, et est en plus peuplée de gens pas spécialement accueillants. Pourtant, j'ai aimé m'y perdre tant l'univers crée par Ariel Holzl est immersif. Si vous voulez une série jeunesse fantasy qui sort du lot, ne cherchez pas plus loin. Ce fut un coup de cœur pour moi, et je suis persuadée que les deux prochains tomes le seront également (surtout que j'ai craqué pour le deuxième opus à la foire du Livre oups).

Titre : Crime d'honneur
Autrice : Elif Shafak
Genre : Contemporaine, Drame
Editions : 10/18
Nombre de pages : 492
Résumé : « Ma mère est morte deux fois. » C’est par ces mots qu’Esma, jeune femme kurde, commence le récit de l’histoire de sa famille née sur les rives de l’Euphrate et émigrée à Londres en 1970.
L’histoire, d’abord, de sa grand-mère dans le village de Mala Çar Bayan, désespérée de ne mettre au monde que des filles, elle qui sait combien la vie ne les épargnera pas. L’histoire de sa mère, Pembe la superstitieuse, et de sa tante, Jamila la guérisseuse, sœurs jumelles aux destins très différents. L’histoire des hommes aussi, celle de son père, tour à tour aimant, violent, fuyant, et celle de ses frères, Yunus le rêveur, et Iskender. Iskender, l’enfant chéri de sa mère, la « prunelle de ses yeux », son sultan. Son meurtrier.
Enfin, l’histoire de ces immigrés qui ont choisi l’exil pour vivre de miracles et croire aux mirages, qui ont choisi la liberté et l’amour quand d’autres restent ancrés dans les traditions et portent au pinacle l’honneur d’une famille.

Mon avis :  La plume d'Elif Shafak est vraiment belle et l'histoire qu'elle a écrite est enivrante. Les pages défilent rapidement, mais ce qui se passe le long du récit fait mal, ça m'a énervé et j'ai eu dû mal à m'identifier ou à comprendre les agissements des personnages. A chaque chapitre, on suit le point de vue d'un des membres de la famille, et l'histoire s'étend sur plusieurs décennies. Le grand mystère tourne autour de la mère d'Esma, Pembe, qui a été assassinée par son fils Iskender "pour l'honneur". On ne sait pas pourquoi, et dans le fond, ce n'est pas cela qui m'a intéressé car j'ai ressenti zero empathie pour cet homme qui a commis l'irréparable. Les traditions et la religion sont au coeur de l'histoire, et s'ensuit plusieurs vies brisées à cause de ça, et autant vous dire que pour moi, ça a été dur à comprendre. Mais Elif Shafak a bien montré le rôle des femmes, qu'on cherche à cloisonner et à priver de bonheur pour des raisons qui me mettent hors de moi. L'autrice a aussi bien mis en lumière la prédominance de la religion et des traditions et les conséquences désastreuses qui peut en découler. Il y a aussi un plot twist assez prévisible, mais cela n'a pas entaché ma lecture (même si je n'adhère pas à la fin). J'ai bien aimé ma lecture mais ça demeure un sujet qui m'irrite.



Titre : Le cauchemar d'Innsmouth
Auteur : H.P. Lovecraft
Genre : Fantastique
Editions : J'ai lu
Nombre de pages : 251

Résumé : Innsmouth... C'est le hasard qui m'y conduisit, durant cet été où je fêtais ma majorité en parcourant la Nouvelle-Angleterre. Je voulais me rendre à Arkham, mais le prix du billet de train me fit hésiter. C'est alors que l'employé des chemins de fer me parla de ce vieil autobus, que presque personne n'empruntait. Parce qu'il passait par Innsmouth... Mais pourquoi les gens évitaient-ils cet ancien port de pêche, comme si ses habitants avaient la peste ? Après cette horrible nuit que je passai là-bas, je compris. Je réussis pourtant à m'échapper, de justesse. Était-ce vraiment une chance ? J'ignorais alors que le cauchemar ne faisait que commencer...

Mon avis :  Autant j'avais pas mal apprécié Le mythe de Cthulhu, autant j'ai eu du mal à rentrer dans l'ensemble de nouvelles qui compose le cauchemar d'Innsmouth (je n'étais pas vraiment dans une période fantastique non plus). J'ai eu plus de mal à m'immerger dans l'univers de Lovecraft et à imaginer les divers créatures qui peuplent ces récits. Les nouvelles sont par ailleurs inégales, à mon goût. Je pense que mon histoire préférée est celle de la La maison de la sorcière. J'ai trouvé le cauchemar d'Innsmouth un tantinet long, et sans doute aurait-je été plus adhérente à un autre moment, mais c'est ainsi. En tout cas, ça reste du Lovecraft donc si vous aimez les œuvres de l'auteur ou si vous êtes fan de fantastique en général, ce livre va vous plaire.



Titre : Persuasion
Autrice : Jane Austen
Genre : Classique
Editions : Archipoche
Nombre de pages : 236

Résumé : Depuis quand une jeune fille a-t-elle besoin qu'on lui dicte sa conduite ? Si elle s'est laissé persuader trop jeune de rompre ses fiançailles, Anne Eliott n'est plus dupe. Et lorsque son ancien amant réapparaît, auréolé de gloire, l'heure n'est pas à l'indécision. Pour Anne, il est temps de faire fi des convenances et de la vanité de son entourage !

Mon avis : J'ai adoré ce roman de Jane Austen (mon troisième de l'autrice), court mais bien développé. Contrairement à Emma, dont le thème m'avait intéressé mais qui était un poil trop long, Persuasion rentre plus dans le vif du sujet et ne se perd pas. On y suit Anne, qui a fait la connaissance du capitaine Wentworth huit ans auparavant. Les deux jeunes gens s'appréciaient mais on comprend qu'Anne l'a repoussée à cause de son entourage. Elle retrouve son ancien amour et tout le récit tourne autour des sentiments amoureux qui se raniment. Un des passages vers la fin du livre m'a particulièrement plu (grande romantique que je suis) et Wentworth pourrait presque concurrencer avec Darcy. Même si Orgueil et préjugés reste indétrônable, Persuasion confirme mon amour pour cette autrice.



Titre : Chinoises
Autrice : Xinran
Genre : Témoignage
Editions : Philippe Picquier
Nombre de pages : 352

Résumé : Durant huit années, de 1989 à 1997, Xinran a présenté chaque nuit à la radio chinoise une émission au cours de laquelle elle invitait les femmes à parler d'elles-mêmes, sans tabou. Elle a rencontré des centaines d'entre elles. Avec compassion elle les a écoutées se raconter et lui confier leurs secrets enfouis au plus profond d'elles-mêmes. Epouses de hauts dirigeants du Parti ou paysannes du fin fond de la Chine, elles disent leurs souffrances incroyables : mariages forcés, viols, familles décimées, pauvreté ou folie... Mais elles parlent aussi d'amour. Elles disent aussi comment, en dépit des épreuves, en dépit du chaos politique, elles chérissent et nourrissent ce qui leur reste.

Mon avis : Dur, émouvant, horrible, mais nécessaire. Dans Chinoises, Xinran livre des témoignages poignants de femmes. Et ces récits sont tous plus difficiles à lire les uns que les autres. Elles ont été violentées, violées, traînées dans la boue, déçues, déchues, soumises, par les hommes ou par le régime. Les vies de ces Chinoises bouleversent et révoltent. Ce livre est d'une importance capitale pour connaître ce qu'ont pu endurer les femmes durant plusieurs décennies en Chine et pour comprendre la société d'un pays à plus d'un milliard de personnes. Mais surtout, Xinran a enfin donné la parole aux femmes, ces actrices que l'on a tenté d'exclure dans bien des situations, et les non-dits sont d'une puissance déchirante. Parfois, je devais prendre des pauses tant les témoignages étaient cruels, mais je remercie Xinran d'avoir rédigé Chinoises.  Car cet écrit laissera des traces dans nos esprits. Car il montre que les femmes devront se battre, toujours, pour qu'un jour toutes ces cruautés cessent.



Titre : Ma vie de Bacha Posh
Autrice : Nadia Hashimi
Genre : Jeunesse, Contemporaine
Editions : Castelmore
Nombre de pages : 279

Résumé : La famille d’Obayda aurait bien besoin d’un peu de chance : depuis l’accident de leur père, la vie dans la campagne afghane n’est pas facile pour la fillette de dix ans et ses soeurs. La tante d’Obayda a une idée pour leur porter bonheur : transformer la fillette en bacha posh, c’est-à-dire la faire passer pour un garçon. D’abord désemparée, Obayda – désormais appelée Obayd – devient amie avec Rahim, une autre bacha posh. En sa compagnie, elle va découvrir la liberté…

Mon avis : C'était ma première expérience avec cette autrice, malgré le fait que La perle et la coquille traîne dans ma PAL depuis plus longtemps. Et elle fut positive. J'ai trouvé l'écriture fluide, mais pas non plus simplette. Le thème est bien entendu ce qui m'a attiré, et je n'ai fait le rapprochement que par après que Rahima dans Ma vie de Bacha Posh est l'héroïne de La perle et la coquille. Sachant que j'étais frustrée par le sort de Rahima, je suis contente de savoir que je vais la retrouver ensuite. Mais dans ma vie de Bacha Posh, l'héroïne est Obayda, une fille pleine de vie qui va devenir un garçon à ses dix ans. Ça me fait toujours un pincement au cœur et m'énerve de lire combien les femmes sont considérées, traitées et à quel point les inégalités entre les deux sexes sont énormes. Mais j'ai aimé ce roman pour sa fraicheur, sa quête de liberté, et je pense que c'est un livre intéressant à lire pour un public jeune et moins jeune. Il nous en apprend plus sur cette tradition qui existe en Afghanistan, sur la place des femmes dans ce pays, sur le poids des traditions. Pas de crise de larmes, ici, car le tout est plutôt beau et rose, mais je sens que ça ne va pas du tout être le cas lors de ma prochaine découverte avec Nadia Hashimi.



Titre : Un dissident
Auteur : François-Regis De Guenyveau
Genre : Contemporaine
Editions : Albin Michel
Nombre de pages : 333

Résumé : « Et au moment où il sut qu’il n’était plus vraiment un homme, il le devint. » Partout, au cœur des sociétés d’opulence, naît le rêve d’un monde nouveau : un monde de tous les possibles, où l’Homme s’affranchirait enfin des limites de la nature. Christian, jeune prodige scientifique, veut y prendre part. Il va participer à un projet de grande envergure : façonner l’homme de demain. Mais face à un tel enjeu, dans la solitude de son bureau, Christian s’interroge. Inadapté, incapable de nouer des relations, il se heurte à sa propre énigme. Et si la science n’était pas le seul moteur de l’évolution humaine ? Roman d’anticipation et quête initiatique se mêlent dans ce récit troublant, au centre des questions éthiques et philosophiques contemporaines.

Mon avis : Tout est dit dans la dernière phrase du résumé. C'est un récit assez philosophique et initiatique, se questionnant sur la vie, sur l'être humain, sur la science, sur l'évolution et les progrès. Je n'ai personnellement pas été emballée, peut être parce que je m'attendais à autre chose. Je ne sais pas, mais j'avais abordé ce roman avec une attente plus SF et finalement, ce ne fut pas du tout le cas. On suit plus Christian et ses pensées que réellement les projets scientifiques qui sont abordés. Si le début avait su m'intéresser, je me suis globalement ennuyée. La fin, également, rehausse le tout avec un plot twist non sans conséquence et des dernières pages à l'image du récit, étrange, original.