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mercredi 26 février 2020

Kim Jiyoung, née en 1982 de Nam-joo Cho


Titre : Kim Jiyoung, née en 1982
Autrice : Nam-joo Cho 
Genre : Littérature contemporaine
Editions : NiL
Parution : 2 janvier 2020
Nombre de pages : 216
Mots clés : Corée du Sud, condition féminine

Si vous ne voulez pas trop en savoir, lisez seulement ce livre. Un véritable coup de poing, montrant la condition féminine en Corée du Sud, et plus encore. Un reflet du monde patriarcal dans lequel on vit malheureusement.

Mon avis :

Kim Jiyoung est née en 1982. Elle est mariée à Jeong Daehyeon et ensemble, le couple a eu une fille; Jiwon. Depuis trois ans, elle a cessé de travailler pour s'occuper de son enfant. Cette présentation nous est faite comme étant un schéma classique en Corée du Sud, et au fil du roman, on va comprendre que c'est le cas.

Puis, d'un coup, plusieurs femmes de son entourage vont prendre la parole à travers Kim Jiyoung. L'occasion pour l'autrice de couper le roman en quatre parties, bien distinctes de la vie de son héroïne.

Dès son enfance, l'injustice et le patriarcat se retranscrivent à diverses reprises. Déjà, on inculque au mère qu'avoir une fille, c'est moins bien. Il faut un garçon, pour en faire un homme important, un chef de famille qui va honorer ses proches. Dès la naissance, et même avant, une fille est moins bien considérée qu'un homme.

Kim Jiyoung va grandir dans un environnement de ce type, et on remarque bien qu'elle et sa sœur sont sollicitées pour toutes les tâches ménagères, tandis que le petit dernier, son frère, se la coule douce.

Le patriarcat se voit ensuite à l'école, où les garçons ont bien des avantages. Premiers servis à la cantine, par exemple. Mais aussi excusé quand un garçon harcèle Kim Jiyoung. On retrouve ici une pensée qu'ont encore bien des adultes; si un garçon est violent avec une fille, c'est parce qu'il est amoureux d'elle. Et au lieu de lui inculquer le fait que c'est mal, qu'il ne faut pas se comporter ainsi, on devrait l'excuser ? Un des nombreux passe-droit que les hommes possèdent.

Le côté traditionnel est aussi là, lorsque l'on évoque cette mère aimante, mais qui a dû sacrifier sa vie, ses rêves, pour s'occuper de ses enfants. L'aînée aussi, renoncera à son projet pour devenir institutrice, métier qui semble stable dans ce pays.

L'autrice distille d'ailleurs tout au long de son roman des petites données chiffrées qui illustre parfaitement l'histoire de Kim Jiyoung. A travers son héroïne, c'est une réalité sociétale qui est ici montrée, en Corée du Sud mais aussi partout dans le monde.

Après l'enfance et l'adolescence, on passe à la vie de jeune adulte de Kim Jiyoung. On voit que la société a évoluée; mais pas encore assez. A poste égal, un homme sera privilégié face à une femme. Et on le voit bien puisque Kim Jiyoung, ainsi que son entourage féminin, galère à trouver un travail. On estime qu'une femme, ce n'est pas un "investissement sur le long terme", puisqu'elle tombera enceinte, ne sera pas là pendant de longs mois, voire quittera l'entreprise pour s'occuper de son enfant. Et cette donnée nous est confiée par l'autrice, et ça fait mal. Révoltant de lire cette injustice encore bien ancrée dans cette société. Le patriarcat a de beaux jours devant lui. Au boulot, le harcèlement est là, les moqueries aussi. Une femme doit travailler plus dur qu'un homme, car il ne faut pas trop le fatiguer, ce pauvre chou. Malgré tout, c'est lui qui aura les opportunités, les avancées dans l'entreprise, pas elle.

Arrive le moment où Kim Jiyoung se marie. On lui parle très vite d'enfant, et on comprend que celle-ci n'en a pas spécialement envie. Elle aime son boulot, et elle sait pertinemment qu'avoir un bébé signifierait arrêter de travailler. En Corée du Sud, les trentenaires stoppent fréquemment leur travail pour devenir mère au foyer. Et cela n'est pas un choix voulu; c'est une contrainte dans ce monde patriarcal qui ne laisse pas de place à la femme professionnelle. Et ce roman s'avère être un reflet de nos sociétés. Si en France, beaucoup de femmes n'ont pas à faire ce choix-là, on constate tout de même qu’énormément de mères sont à 80% ou à mi-temps. Comme le dit si bien Kim Jiyoung, c'est aussi ton enfant. Pourquoi les hommes sont ceux qui restent travailler tandis que la femme doit renoncer à sa carrière ? Dans un monde où les écarts salariales sont toujours une réalité, où les femmes sont vues comme détentrices du savoir faire des tâches ménagères, comment se détacher de ce schéma qui a l'air entériné et inaliénable.

La métaphore de ces voix parlant à travers Kim Jiyoung, c'est toutes ces inégalités que nous femmes subissons. Et l'héroïne de ce roman le ressent, mais elle ne peut rien faire, impuissante. Et c'est pour ça que nous, femmes, n'arrêteront jamais de nous battre pour réparer les tords que nous ont fait les hommes. Le patriarcat doit disparaître pour qu'enfin cesse cette iniquité. 

Note : 4,5/5

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