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mercredi 9 décembre 2020

Les enfants du silence de Ji-young Gong


Titre : Les enfants du silence
Autrice : Ji-young Gong
Genre : Littérature contemporaine
Editions : Philippe Picquier
Parution : 3 septembre 2020
Nombre de pages : 288 
Mots clés : Corée du Sud, maltraitance, viols, enfants, handicap, justice, fait réel

Mon avis :

Je préfère annoncer la couleur d'entrée : Les enfants du silence est un livre lourd et affreusement difficile à lire. Il faut avoir les nerfs solides pour supporter certains passages de cet ouvrage. Néanmoins, je ne regrette en rien de m'être jetée corps et âme dans cette œuvre ô combien importante. 

Il faut savoir que Ji-young Gong est une autrice que je connais et apprécie énormément. Elle a écrit notamment Nos jours heureux, qui est le livre qui m'a le plus marquée dans ma vie et il fait partie de mes préférés de tous les temps. 

Les enfants du silence traite d'un fait réel qui s'est passé en Corée du Sud : des enfants handicapé·e·s ont été maltraité·e·s physiquement et sexuellement par des membres de l'école Ja-ae. Les coupables sont le principal et son frère jumeau ainsi que le directeur de l'internat. 

On suit cela du point de vue de Inho, nouveau professeur de l'établissement. Il sent que quelque chose cloche, mais face au mutisme et aux rejets de ses collègues et supérieurs hiérarchiques, il se trouve impuissant. Jusqu'à ce qu'il soit témoin d'une agression physique envers l'une de ses élèves. A partir de ce moment, le récit rentre profondément dans le vif du sujet. 

A travers les voix de Yeon-du, puis ensuite de Yuri et de Minsu, on découvre l'horreur, au-delà de ce qu'on pouvait imaginer : les viols répétés, la complicité des autorités pour étouffer l'affaire et les conséquences mentales et fatales qui en découlent.

« Nous étions les véritables sourds puisque nous avons été incapable d'entendre leur souffrance. »

Inho, aidé par son amie Yujin, fervente défenseuse des droits humains, vont se battre pour rendre justice et faire entendre la voix de ces enfants. Cruelle est l'image des personnes atteintes de surdité dans ce roman, poignant de se rendre compte qu'elle reflète une réalité pour celles qu'ont cherchent à faire taire, qu'on dénigrent et qu'on délaissent. Elles sont violentées, considérées comme des moins que rien, que ce soit à travers leurs conditions de vie, leurs maltraitances ou le regard des autres. 

Sans en dévoiler davantage, Ji-young Gong illustre la définition même de la littérature au service de la société, de la justice et de l'égalité. Elle utilise sa plume pour dénoncer des faits graves et pour améliorer le monde d'aujourd'hui et de demain. Ce texte, publié en 2009, a causé un véritable séisme en Corée et a été à l'origine d'un texte de loi en 2011 éliminant le délai de prescription pour des actes commis sur les enfants en dessous de treize ans et les femmes handicapées et augmente les peines de prison. 

Je ne peux que vous recommander ce livre coup de poing, qui nous fait passer par un panel d'émotions : le dégoût, la rage, la tristesse mais aussi l'espoir et l'empathie. 

Note : 4,5/5

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