Titre : Les Victorieuses
Autrice : Laetitia Colombani
Genre : Littérature contemporaine
Editions : Grasset
Parution : 15 mai 2019
Nombre de pages : 224
Mots clés : condition féminine, Paris, action sociale
Mon avis :
Après le succès tonitruant de La Tresse, Leatitia Colombani revient avec un deuxième roman qui ressemble dans la construction à sa précédente oeuvre.
Dans Les Victorieuses, un parallèle est fait entre Solène, avocate de 40 ans, et Blanche, membre de l'Armée du Salut. Ici, le lien entre les deux femmes est le Palais de la Femme, qui joue un rôle important tout au long du récit.
Solène est une brillante avocate a qui tout semble réussir. Pourtant, à la suite d'un procès, son client se suicide. S'ensuit la longue décente aux enfers pour cette femme; burn-out, dépression. Elle est à un âge on l'on se remet beaucoup en question. Sentimentalement, elle n'est plus avec l'homme qu'elle pensait être le bon. Professionnellement, elle ne se voit plus reprendre place dans ce milieu du droit et cherche donc sa voie. Son psychiatre lui conseille le bénévolat. Là commence véritablement le cœur du sujet de ce roman : les conditions de vie des femmes à travers deux époques. Pour Solène, c'est dans notre société actuelle que l'on va suivre la vie au Palais de la Femme. En devenant écrivaine publique, l'ancienne avocate va être confrontée à la précarité, à l'exclusion et aux combats que livrent en permanence ces oubliées.
Le personnage de Solène peut laisser quelque peu indifférent, voire agacer. Issue d'un milieu aisée, elle fait partie de ces gens qui ont tout sans rien avoir au final. L'illusion vole en éclat justement au début du roman, et on suit son parcours dans son espèce de rédemption durant ces 200 pages. La place qu'elle occupe dans l'histoire est certes très importante, parfois trop, mais j'ai essayé d'en faire abstraction pour me centrer plutôt sur les femmes vivant au Palais.
Car c'est ici l'un des deux éléments les plus intéressants à mon goût. Si l'ensemble peut paraître caricaturale : la riche blanche qui vient faire du bénévolat chez les pauvres racisées, j'ai tout de même apprécié la multiplicité des regards et des destins de vie. On ne tombe par forcément dans le patos, ni dans les clichés. Leatitia Colombani raconte des itinéraires réels, sans en faire trop. Et c'est ce choix de ne pas trop ne faire qui parvient à émouvoir un petit peu. Binta, Lily, Cynthia et les autres.
L'autre donnée que j'ai aimé est Blanche. Les parties consacrées à cette femme m'ont bien plus captivée que les tentatives de description de la dépression de Solène. Blanche, qui a réellement existé. Blanche, qui a œuvré toute sa vie pour venir en aide aux plus démuni·e·s. On est ici au début du siècle. Après un détour par l'enfance et la vie de jeune adulte de Blanche, sa rencontre avec Albin notamment, on suit en parallèle son combat. Depuis toujours, elle mène au sein de l'Armée du Salut une lutte pour l'humain.
L'apothéose de cette bataille se trouve être le futur Palais de la Femme. Si l'obtention de ce bâtiment n'était pas le propos le plus intéressant à lire, étant là uniquement pour renforcer le lien entre ces deux destins de femme, le but lui l'est. Blanche ne supporte plus de voir la pauvreté dans les rues de Paris, réalité qui se retrouve partout en France. La mise en vente d'un immeuble comprenant 743 chambres est une aubaine. La femme ne va rien lâcher, et elle et son mari réussiront à acquérir cet édifice pour les femmes. Pour toutes celles qui se voient rejeter, mise au ban de la société. Et l'on voit ici qu'entre 1926 et 2019, finalement, les choses n'ont pas tant changé que ça. Les femmes sont toujours les laissées-pour-compte. Elles sont celles qui sont mise à la rue, abandonnées, violentées.
Si j'ai été moins transportée que pour La Tresse, j'ai néanmoins aimé le sujet de ce roman. Important, traité ici de manière plutôt "douce" par rapport à d'autres, il parvient tout de même à émouvoir et à indigner, une nouvelle fois.
Note : 3,75/5
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